The first and the last : Mons s’est souvenue
Pour les Britanniques et les Canadiens, la région de Mons occupe une place toute symbolique dans l'histoire de la Grande Guerre. C'est là que sont morts le premier et le dernier soldats britanniques au cours de ce terrible conflit. Mais c'est là aussi que, deux petites minutes avant l'entrée en vigueur officielle de l'Armistice, un dernier combattant canadien a été mortellement touché par une balle allemande.
Parmi les hommages mis sur pied, une cérémonie s'est tenue dimanche à 9h30 en la collégiale Sainte-Waudru. Le doyen principal André Minet a évoqué ces heures de liesse qui ont marqué la libération de Mons : « Un siècle plus tard, libérés et libérateurs se souviennent ». Après avoir chaleureusement accueilli les diverses délégations, les autorités civiles et militaires, il a rappelé l'importance du devoir de mémoire, par-delà les différences de nos convictions philosophiques et religieuses. Se souvenir, c'est aussi penser au présent, « faire reculer la guerre et les injustices, être les alliés les uns des autres pour garantir la liberté ; la solidarité entre les peuples du monde entier est le seul chemin possible vers un monde meilleur ».
Une flamme voyageuse
Un peu plus tôt, tandis que le « God save the Queen » s'égrénait doucement sur les orgues de la collégiale, une lanterne avait été allumée devant la stèle qui fait mémoire des victimes du Commonwealth lors de la Première guerre mondiale. Une lanterne qui allait être transportée au cimetière de Saint-Symphorien tout proche et servir à allumer des bougies sur les tombes de John Parr, tué à Obourg le 21 août 1914 alors qu'il n'était âgé que de 16 ans, et de Georges Edwin Ellison, mortellement touché le 11 novembre 1918. Le premier et le dernier soldats britanniques ayant donné leur vie lors de cette Grande Guerre, tous les deux près de Mons... Symbolique, la lanterne va ensuite encore voyager, d'abord vers le Kent, en Angleterre, puis jusqu'au Canada.
Après divers événements et hommages en fin de matinée, comme la reconstitution de la parade de la libération de Mons par le Blackwatch de Montréal (le plus ancien régiment écossais du Canada), avait lieu sur la Grand Place montoise la cérémonie commémorative, en grande partie retransmise par la RTBF. De très nombreux invités de marque étaient conviés à participer à ce moment du souvenir : le Prince Laurent, les ambassadeurs du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Irlande, de France, le Commandant suprême des forces alliées en Europe, des représentants politiques et religieux, des vétérans,...
« Nous nous souviendrons d'eux »
Il y a eu du protocole, l'accueil des personnalités par le bourgmestre Elio Di Rupo, des prises de parole, de la danse, de la musique. Et de l'émotion.
Emotion traduite en notes vibrantes par l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, les violons du Roy et le chœur de la Leatherhead Choral Society, rassemblés dans le salon gothique de l'Hôtel de ville et dont les prestations étaient retransmises sur deux écrans géants.
Emotion en images, avec un film de présentation de la Grande Guerre dans la région de Mons, commenté par le comédien belge Bernard Yerlès, avec l'histoire de George Price, malheureux soldat canadien tombé deux minutes à peine avant l'entrée en vigueur de l'Armistice, ou encore avec l'évocation de la libération de la ville par les Canadiens.
Emotion poignante lors de la lecture de textes écrits par des exilés ou des soldats qui ont vécu cette guerre, qui se sont battus à Mons, qui ont péri parfois pour que notre liberté soit préservée.
Emotion en gestes et en couleurs avec la danse d'une artiste autochtone canadienne, accompagnée par les battements puissants des tambours et une mélopée traditionnelle.
Emotion lors de l'acte et de la promesse de se souvenir, l'un posé par des vétérans, l'autre proclamée par les jeunes générations : « Ils ne vieilliront pas, comme nous, qui leur avons survécu... Ils étaient jeunes, jeunes comme nous... Nous nous souviendrons d'eux ».
Emotion enfin, juste après une prière pour la paix lancée tour à tour par Mgr Harpigny, un pasteur et un autochtone canadien, avec le « Last Post », lente sonnerie au clairon commémorant ceux qui ont été tués dans la guerre...
- Voir ici quelques-uns des textes lus lors de la cérémonie
- Un monument en hommage à George Price à Ville-sur-Haine
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Créé parDiocese de Tournai